18è édition du Festival du 28 au 30 Mars 2024

DOUZE JOURS À NUKU HIVA. Rencontres et révolte russe dans le Pacifique Sud

26 septembre 2023 - 18:00 -

intervenante
Marie-Noëlle OTTINO-GARANGER

A propos

La première expédition russe autour du monde, à l’aube du dix-neuvième siècle, fit suite à celles de Bougainville, Cook et La Pérouse. Menée par le commandant balte-allemand Adam von Krusenstern, elle était, à elle seule, tout un monde composé de savants et naturalistes, d’officiers et marins moujiks, d’un ambassadeur de la cour du tsar et de quelques marins Japonais embarqués sur la Nadezhda et la Neva. Ces Russes de divers ethnies de l’empire et au-delà : Estoniens, Baltes, Allemands, Tartares ou Suisse, abordèrent en mai 1804 aux Marquises (Polynésie française). La rencontre de ces mondes offre un inestimable instantané de la société de Nuku Hiva à la veille d’un profond changement.

Douze jours plus tard, elle quittait l’île ébranlée par un amer litige entre les capitaines et le représentant du tsar à bord, mais aussi chargée de nourriture, d’eau douce et de dizaines de témoignages, matériels et immatériels, d’un “Français marquisien”, de croquis et tatouages. De retour au pays, ces hommes livrèrent toutes sortes de récits et souvenirs, autour d’eux, véhiculés en diverses langues mais au fil des aléas de l’Histoire, guerres et révolutions, ils se dispersèrent à travers l’Europe, l’Amérique, l’Asie, leurs archives et leurs musées.

C’est aujourd’hui le temps de rapprocher Marquisiens et Occidentaux de pages uniques de leur histoire et héritage culturel. Dans cet ouvrage sont réunis, pour la première fois en français, ces pans de récits. Grâce à une collection d’illustrations plus vaste que l’édition anglaise originale de 2010, aux vocabulaires et annotations de Marie-Noëlle Ottino-Garanger, il est apporté un éclairage, aussi riche que possible, sur cette étonnante aventure humaine.

En savoir plus …

Marie-Noëlle OTTINO-GARANGER présentera ce livre à l’occasion du 4ème Rendez-Vous Océanien, Rencontre littéraire  organisé avec le Muséum d’Histoire Naturelle de La Rochelle le Mardi 26 Septembre à 18h.

Note de l’intervenante

Les rencontres sont une des clefs du merveilleux travail réalisé par l’anthropologue russe Elena GOVOR, vivant à présent en Australie, sur ces jours de mai 1804 où deux mondes, à la charnière des grands changements qui les attendaient, se découvrent. 

L’expédition provoqua peu de remous sur place, sur le moment, mais nourrit un puissant mouvement de curiosité. Le fruit de leurs observations et collectes constitue un riche réservoir de connaissances et d’inspiration. 

L’envie de rendre accessible ce plongeon dans le temps, et ces vies réunies de façon si improbable, m’a convaincue de contacter l’auteure et de lui proposer une rencontre permise, cette fois, par la langue. Une belle estime est née! Déjà par son acceptation animée par la joie d’une telle perspective; par sa patience, aussi, dans nos échanges par mails et son désintéressement. 

Aboutir à une publication fut une aventure difficile car notre ambition était d’offrir le maximum d’informations et d’illustrations! Tout ceci ne fut réalisable que grâce à une poignée d’amis et amies. La traduction initiale fut assurée, avec élan, par Geneviève TEVENART-LOFFREDA, professeur d’anglais qui enseigna à Taiohae alors que son mari, professeur d’Histoire-Géographie dans ce même collège, participa avec ses élèves aux travaux d’études et de restauration d’anciens lieux d’habitat et de cérémonies sur la côte nord de Nuku-Hiva, à Hatiheu et A’akapa, avec mon mari Pierre OTTINO-GARANGER, archéologue à l’IRD. La relecture attentive de Catherine VALICH, à maintes étapes, fut un autre soutien important, en France et aux Marquises, comme celui de son mari alors que je m’attelais au travail d’accompagnement de la publication par de nombreuses notes et annexes. 

Si des coquilles demeurent, l’ouvrage est soigné et accessible! J’en remercie Elena et cette maison néerlandaise qui accepta cette parution française parmi les quelques autres publications scientifiques, dans cette langue, qu’elle assure. Elle permit qu’elle soit aussi étoffée que possible pour les amoureux du pays et de ces cultures. Elle vient en complément, logique du reste, de l’ouvrage sur le matériel rapporté par les membres de l’expédition réalisé par Elena et un grand conservateur britannique : E. GOVOR & N. THOMAS, eds. 2019. Tiki: Marquesan Art and the Krusenstern expedition, Leiden: Sidestone Press.