Résumé
Dans le triangle polynésien, la notion de genre est bien plus complexe qu’il n’y paraît. Loïc, Reretini, Lalita, Tehau et Sailali, souvent qualifiés de « mauvais genre » ou encore de « 3e sexe », sont les porteurs d’une identité transgenre rare et puissante. À travers une série de portraits lumineux et intimistes, ce documentaire leur donne la parole et propose une relecture des questions de genre à la lumière de la pensée océanienne.
En Polynésie française, les personnes transgenres évoluent avec une apparente fluidité dans toutes les composantes de la société. Leur présence, observée dès le XVIIIe siècle par les voyageurs et les missionnaires occidentaux, n’a cessé d’intriguer et de fasciner, produisant au fil du temps de nombreux mythes que les femmes et les hommes transgenres de Polynésie tentent aujourd’hui de déconstruire.
Les mahu, dans la société polynésienne, sont des hommes qui ont une part de féminité. Avant l’arrivée des Européens, ils étaient intégrés dans la communauté. Il n’y avait pas de barrière, que ce soit pour la culture, les arts, la danse, la médecine, pour raconter les légendes des dieux polynésiens. Tout leur était accessible. Ils étaient reconnus et appréciés pour ce qu’ils étaient et pour ce qu’ils apportaient.
Dans la seconde moitié du 20ème siècle, certains mahu se transforment et deviennent des raerae. Elles se comportent et se considèrent comme des femmes et procèdent, pour quelques-unes, à des modifications corporelles. Ce mot – considéré comme péjoratif et dévalorisant aujourd’hui – s’est imposé en 1962 avec l’arrivée du CEP (Centre d’expérimentation du Pacifique) et des 15 000 militaires et techniciens. Ça a été un bouleversement total de toute la Polynésie. La monétisation a pris le dessus sur les questions existentielles. À l’époque, les mahu avaient compris que se prostituer pouvait apporter de l’argent.
Avec l’éclairage de différents experts (historiens, sociologues, anthropologues, acteurs du monde associatif ou religieux), le film décrit l’évolution de la question des identités à travers l’histoire afin de mieux comprendre leur réalité actuelle.
Certaines vivent leur identité de façon sereine et épanouie. D’autres, en revanche, ont des histoires beaucoup plus difficiles. Certaines se définissent comme mahu, d’autres comme rae rae, d’autres comme femmes ou hommes transgenres. D’autres, enfin, ne supportent plus ces étiquettes et se définissent comme des hommes ou des femmes à part entière.
À travers leurs récits, nous plongeons dans l’intimité de leur quotidien, une réalité où se mêlent lumière éclatante et ombres persistantes. Ils/elles nous invitent à découvrir la richesse de leur parcours, fait de luttes, de fierté et d’amour. Leurs témoignages nous offrent, avec une sincérité bouleversante, une vision inédite de la transidentité, en lien avec la culture polynésienne, et nous éclairent sur les batailles qu’il faut mener pour s’accepter et s’affirmer. Le plus beau bijou qu’ils/elles portent est leur fierté.
Bande-annonce / extraît
Photos du film













