18è édition du Festival du 28 au 30 Mars 2024

Patutiki

Réalisateurs : Christophe CORDIER - Heretu TETAHIOTUPA

Film documentaire ethnologique.
Durée: 55 minutes
Réalisé, écrit et produit, cinématographie, édition et musique : Christophe Cordier & Heretu Tetahiotupa

Production : Michael Alezrah & Nelly Decuyper / L’Association Patutiki

Compagnies de production : Les Studios Hashtag / Eka Eka Productions / L’Association Patutiki avec France TV

2019 Audience Prize International Film Festival Oceania Documentaries (FIFO), Tahiti

2020 Official Entry Maoriland Film Festival—Native Peoples, Global Films, New Zealand

2020 Official Selection – Los Angeles Asian Pacific Film Festival

8 octobre 2021 - 9:00 - Palais des congrès

Intervenants
Christophe CORDIER - Réalisateur
Heretu TETAHIOTUPA - Réalisateur

A propos du film

Quand le tatouage a été déclaré illégal par l’Etat et l’Eglise au début des années 1900, les derniers des anciens Marquisiens « peau-noire » ont trouvé des moyens astucieux pour conserver l’histoire polynésienne d’un peuple en train de disparaître, léguant un puzzle culturel d’art et de croyance à découvrir par les générations futures.

Premier film au monde à avoir été réalisé, écrit et produit par un Marquisien de souche, Heretu TETAHIOTUPA.

C’est également le premier film de Christophe CORDIER. La langue du film est en marquisien sous-titré en français et en anglais.

Témoignage de comment des habitants d’une ile lointaine du Pacifique Sud redécouvrent et fêtent/célèbrent leur identité pratiquement perdue en redécouvrant les mystères  culturels légués via le patutiki, l’art du tatouage Marquisien.

Les histoires gravées sur leur peau de Polynésiens racontent leur histoire.

A la différence des autres sociétés Polynésiennes, les Marquisiens ont créé un symbolisme artistique pour raconter les histoires de leur peuple, leur façon de voir le monde et la place de l’espèce humaine au sein de celui-ci.

En 1920, 97% de leur population avait été décimée, il ne restait que 2000 personnes.

Le film sera présenté par les réalisateurs Christophe CORDIER depuis l’île de la Réunion et Heretu TETAHIOTUPA depuis Tahiti.

CRITIQUES ELOGIEUSES

  • “ Pour un premier film, c’est un succès !… Ce film devrait s’imposer comme une référence pour la réalisation de films sur la Polynésie Française » Mustapha Kessous, Le Monde
  • « Nous avons énormément aimé » Aude Dassonville, Télérama.
  • « Un chef d’œuvre de pur documentaire ! » Pierre Carpentier, Mediapart.

Pourquoi faire ce film ?

Christophe Cordier:

“Les motifs Marquisiens de tatouage devenant de plus en plus populaires dans la communauté globale/mondiale du tatouage, nous avons d’abord voulu rendre hommage à qui de droit. Mais, en outre, nous avons voulu que les gens comprennent comment le patutiki a aidé à préserver la culture moribonde d’un peuple. Heretu et moi-même nous sommes sentis obligés de rendre compte de ce lien. »

 Heretu Tetahiotupa:

“L’attirance des gens pour le tatouage Marquisien est surtout esthétique, mais le patutiki représente beaucoup plus que ses dessins caractéristiques. Nous avons voulu que les gens prennent conscience de sa dimension spirituelle et du fait que chaque motif est une clé pour comprendre comment les anciens percevaient le monde. Les gens sont attirés par ces symboles sans savoir pourquoi.

Les Marquisiens voient le patutiki comme une manifestation magique du passé de leurs prédécesseurs. Pendant plus de 1000 ans, les artistes maîtres tatoueurs et les chamanes entraient en relation avec l’esprit de nos ancêtres, et recréaient des rituels transférant (le) mana chaque fois qu’ils exerçaient leur art ».

Christophe Cordier:

“J’ai voulu rendre hommage à cette culture magnifique et peu connue, presque entièrement disparue il y a un peu moins d’un siècle. Les missionnaires et le gouvernement Français avaient banni la pratique du tatouage, considérant que c’était une tradition animiste malsaine du point de vue santé.

A cette époque, la maladie et le suicide avaient pratiquement exterminé le peuple Marquisien, dont il ne restait que 2000 représentants seulement. C’est un miracle que leur culture ait survécu. A force d’ingéniosité, les survivants l’ont protégée. Par exemple, dans le film, nous racontons l’histoire de Moeava, un sculpteur qui, craignant la disparition du patutiki, a sculpté dans le bois les motifs inscrits sur son corps de personne âgée, préservant ainsi cet héritage. Cela apparaît évident, mais en fait ça ne l’était pas. Sa détermination a engendré une ingéniosité remarquable.

Contre toute attente, le résultat a été que les motifs du patutiki ont triomphé…, non seulement dans les Marquises, mais dans le monde entier »

Heretu Tetahiotupa:

“La culture Marquisienne doit beaucoup au travail inestimable de l’ethnologue allemand Karl Von den Steinen. Son expérience antérieure, l’étude des peuples Amérindiens du Brésil central, lui avait enseigné l’importance du langage. Et donc, avant son arrivée en 1896-97, Karl a appris le Marquisien.

Durant son séjour de 6 mois au milieu des gens, il a décrit méticuleusement dans le détail les tatouages Marquisiens, les sculptures, les légendes, les objets, les costumes, les généalogies, et bien d’autres choses. Son œuvre anthropologique a sauvegardé plus de la moitié de notre héritage.

En 1920, la scientifique américaine Willowdean Handy a approfondi les descriptions de Von den Steinen grâce à la contribution des femmes Marquisiennes, qui lui ont révélé leurs tatouages les plus intimes. La culture Marquisienne est holistique/globale, c’est-à-dire que ses divers éléments sont interconnectés, tissés ensemble.

Nos efforts pour réaliser ce documentaire se sont trouvés, d’une manière ou d’une autre, guidés, canalisés par les ancêtres, nous aidant à faire entendre leurs voix par le village global plus étendu, une voix aussi authentique que nous étions capables de faire partager ».

Christophe Cordier:

“ Une erreur aurait été de prendre la renaissance du tatouage Marquisien des années 1980 comme point de départ de notre documentaire, en négligeant la signification culturelle plus vaste du patutiki, son intérêt persistant dans la société Marquisienne et son affirmation globale de la spiritualité Marquisienne.

Dans les temps anciens tous recherchaient un plus grand mana par le tatouage, la force spirituelle qui accompagnait chaque action. Les Marquisiens d’aujourd’hui, en particulier les plus âgés, éprouvent une grande fierté vis-à-vis de leur culture unique et une grande responsabilité à la partager, cet héritage presque perdu. Nous avons eu la chance qu’ils aient été encore là, et qu’ils aient eu le temps et les moyens nécessaires pour décrire respectueusement et reconstituer la fascinante histoire du patukiki.

Fournir aux Marquisiens d’aujourd’hui un moyen pour partager moi-même l’histoire de leur peuple a été un privilège et un honneur dont je suis éternellement reconnaissant. »